Petit miracle en pays dominé

      Aucun observateur ne donnait cher du Congrès des élus (es) de la Martinique qui devait se tenir en deux jours et qui au final, n'en a eu besoin que d'une seule. 

      C'est donc à l'unanimité des 60 élus (maires, conseillers territoriaux, députés sénateurs) sur les 80 convoqués qu'a été votée la demande d'un Pouvoir Normatif Local. Ceux qui ont boycotté le Congrès en seront donc pour leurs frais puisqu'ils ont été très minoritaires. Pareille unanimité étonne et ravit tout à la fois ! Chacun (e) a su se départir de ses postures (ses rodomontades trop souvent) habituelles pour ne considérer qu'une chose et une seule : comment faire pour tenter de sortir la Martinique de l'impasse dans laquelle elle s'est enfoncée depuis tant de décennies ? Car il faut être aveugle pour ne pas voir que notre pays se meurt à petit feu, ne serait-ce déjà que parce que sa jeunesse le fuit, ce qui fait que la pyramide des âges s'est inversée et que nous sommes devenus la plus vieille région de France. Que répondent les boycotteurs du Congrès à cette terrible réalité ? RIEN ! Que proposengt-ils pour que des mouvements de colère populaire n'éclatent régulièrement comme en Février 2009 ou les récentes manifestations contre la vie chère ? RIEN ? Continuons comme si de rien n'était ! Continuons à mettre des cautères sur des jambes de bois et appuyons-nous sur la seule répression policière !

      Il est clair que les boycotteurs du Congrès devront être sanctionnés lors des prochaines échéances électorales, notamment les municipales.

      Ceci dit, rien n'est encore gagné puisqu'il faudra ensuite convaincre le peuple martiniquais et là, il nous semble que nos élus (es) de tous bords devront éviter une erreur de vocabulaire : pour l'instant les expressions de "Pouvoir Normatif Local" et "Pouvoir Normatif Autonome" sont utilisées indifféremment puisqu'elles sont synonymes, mais ce serait une erreur que de continuer à utiliser la deuxième expression. Pourquoi ? Pour une raison fort simple : la majorité de notre population craint le mot "Autonome" et on l'a bien vu lors de la consultation de janvier 2010 sur l'Article 74 qui avait abouti à 80% de "NON". Cette majorité ne savait pas que la Polynésie fonctionnait bien avant cette date dans le cadre de l'Article 74 et qu'à la date d'aujourd'hui, elle n'est toujours pas devenue un pays indépendant. Et après le vote, personne ne s'est non plus employé à souligner l'exemple de Saint-Barthélémy qui avait voté "OUI" à l'Article 74, île pourtant peuplée de Blancs créoles, et qu'elle n'est pas non plus devenue indépendante pour autant.

    Dans l'esprit du Martiniquais moyen, "Autonomie" signifie "Passerelle vers l'Indépendance", ce qui est faux comme les exemples de la Polynésie et Saint-Barth le démontrent, mais qui est ancré dans l'esprit des Martiniquais. La Droite assimilationniste est certes en partie responsable de cette confusion mais le PPM aussi devrait faire son mea culpa : il avait saboté, cela pour des raisons électoralistes, la consultation de janvier 2010 en appellant à voter "NON' anbafey. Qu'aujourd'hui, il ait rectifié le tir et que son leader, Serge Letchimy, se fasse le chantre du Pouvoir Normatif Local, c'est très bien ! On ne va pas faire la fini bouche. La situation de la Martinique est bien trop grave, catastrophique même dans certains secteurs, pour se permettre ce genre de posture. On ne va pas reprocher au PPM de nous avoir fait perdre 15 ans ! Il faut qu'on arrête de se hausser du col dans ce minuscule territoire de 80kms de long et 30 de large.

    Le vote à l'unanimité de nos élus (es) de tous bords est bel et bien un petit et un grand miracle à la fois. 

    Seul hic : l'instabilité politique qui règne dans l'Hexagone...