Sur Le rêve merveilleux du Pèrelariji, de Gilbert Bazabas

Gerry L’Etang

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Le Martiniquais Gilbert Bazabas, auteur en 1984 du fameux Marronner dans le sillage des cyclones (analyse critique du concept de planification) et arpenteur d’Haïti, a livré en 2019 un autre livre : Le rêve merveilleux du Pèrelariji et histoires vraisemblables de la rue Case Nègres.

Ce récit, illustré par des tableaux âpres et graves de Michèle Voltaire Marcelin, est un « roman-pays », comme l’indique en quatrième de couverture Ali Babar Kenjah. Ici, par touches discontinues, l’auteur croque le pays-Martinique, ses espaces, ses moments. Entre présent et passé, entre ville et plantation, entre rural, urbain, rurbain. Non sans poésie.

Là, le champ d’ananas est « un étrange tapis de tessons d’un vert bouteille annonçant les risques de blessures pour les non-initiés ».

Les plats de la tradition sont des « saveurs oubliées par les adeptes de la religion des rondeurs : pain rond, pâte ronde, tarte ronde, qui en quelques années vous chargeaient de rondeurs ».

Là encore, « l’idéal de liberté s’était métamorphosé en rêve de bien-être absolu. Le chacun pour soi se mettait à l’abri d’un monde de marronnage et d’incertitudes. Pour vivre heureux, il convenait de vivre en pleine lumière : vivre caché était suspect, comme aux plus beaux jours des siècles d’esclavage sur l’Habitation ».

Une Habitation dont le destin fut « de « fabriquer des exilés » qui « allaient cacher leur fuite de la campagne sur le bord humide des mangroves ».

Cet ouvrage, avec ses époques télescopées, ses effets d’hallucination, (pour reprendre un mot cher à Vincent Placoly), est une narration lucide de la Martinique. Mais pour l’auteur, son marasme actuel n’oblitère pas ses luttes passées. Et ses potentialités. Il voit dans la culture et le vécu du lieu des raisons de ne pas désespérer.

Avec ce livre, Gilbert Bazabas signe son retour au pays après de longues années à conseiller des ministres d’Haïti, à réfléchir, publier sur son urbanisation.

 

Le rêve merveilleux du Pèrelariji et histoires vraisemblables de la rue Case Nègres, Editions du CIDIHCA, Montréal, 96 p. 2019.

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    10/05/2025 - 12:30

    ...à expulser de la langue française, il y aurait aussi l’inévitable "zob", ou "zeub", "zobi", et Lire la suite

  • Zot rayi makoumè ek zanmiyez mé zot lé rété nan bra la Fwans !

    SAINTE-LUCIE

    Albè

    10/05/2025 - 07:24

    J'ai dû mal ç bien saisir le commentaire de Karl. Lire la suite

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    Pwan lendépandans zot!

    Karl

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    Ek viv kon à Sent-lusi!

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