Ou pa lé bisui-a, mé ou lé Méritjen-an !

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   Cette expression ironique date de l'époque de l'Amiral Robert, pendant la 2è Guerre mondiale donc, quand, soumise au régime vychiste, la Martinique fut cernée quatre ans durant par des destroyers américains qui menaçaient d'envahir l'île tandis que des sous-marins allemands rôdaient dans l'Atlantique-nord et à proximité des Antilles. 

   Le rusé Amiral parvint à trouver un modus vivendi avec les Américains alors même que la totalité de la flotte française s'était réfugiée, au tout début de la guerre, dans la rade de Fort-de-France et que les 350 kilos d'or de la Banque de France avaient été expédiés en Martinique et entreposés dans un soupirail du Fort-Desaix. Complètement isolée du reste du monde, la Martinique fut contrainte de vivre pour la première fois de son histoire tri-séculaire sur ses propres ressources : on fabriqua de l'huile avec de la noix de coco, du sel avec de l'eau de mer, des chaussures avec de vieux pneus et du carburant pour faire rouler les automobiles avec de la canne à sucre. Le rationnement fut alors instauré et l'argent ne servit plus à rien. On se mit à "brocanter" un kilo de poisson contre des ignames ou des dachines et nuitamment, des courageux traversaient le canal de la Dominique et de Sainte-Lucie, bravant les patrouilleurs de l'Amiral Robert, en particulier le redoutable Barfleur, pour gagner ces deux îles, alors sous tutelle anglaise, afin d'y ramener des vivres.

   Ce modus vivendi obtenu par l'Amiral Robert permit le débarquement épisodique de marchandises américaines à la Martinique où la population, tout en détestant le régime vychiste, craignait de tomber dans les griffes des Américains à une époque où dans ce pays régnait la ségrégation raciale et le racisme anti-noir. Epoque où, curieusement, les nouvelles de la Caraïbe et du reste de l'Amérique circulaient beaucoup mieux qu'à notre époque de télévision, de téléphone portable et d'Internet (combien de Martiniquais, en effet, connaissent le nom de l'actuel Premier Ministre de St-Lucie ?).

   D'où cette sorte de dicton facétieux :  

 . "Ou lé bisui-a, mé ou pa lé Méritjen-an !" (Tu veux le biscuit mais tu ne veux pas de l'Américain!)

   75 ans plus tard, rien n'a vraiment changé et l'on pourrait en créer un autre :

   . "Ou pa lé Blan-an, mé ou lé Miss Matinik vini Miss Fwans !" (Tu ne veux pas du Blanc, mais tu veux que Miss Martinique devienne Miss France !).

   "Péyi-a sé ta nou !", n'est-ce pas ? Interdit de rire même si c'est tragi-comique...

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