Intox russo-azerbaïdjanaise ou au contraire ballon d'essai de l'Elysée ?

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         Depuis l'irruption de l'Internet, puis de l'IA et de ChatGPT dans nos vies, il est devenu extrêmement difficile de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.

         Un nouveau concept est même apparu, celui de "Vérité alternative", concept massivement utilisé par toutes les extrême-droites du monde, notamment par leur général en chef, Donald Trump. Plus prosaïquement cela consiste à transformer ou à maquiller la réalité comme cela arrange celles-ci. Cela va du plus simple au plus complexe. Un exemple dans le premier cas (le plus anodin) : personne n'écarquille les yeux ni ne s'étonne devant l'expression de "guerre à Gaza" alors qu'il n'y a aucune guerre dans ce territoire. Comment cela ? Parce qu'une guerre, jusqu'à preuve du contraire, se déroule entre deux armées, or les Gazaouis, contrairement aux Israéliens, possèdent 0 avion, 0 char, 0 batterie d'artillerie, 0 navire de guerre. etc...Par contre, en Ukraine, il y a bel et bien une guerre avec face à face deux armées. L'expression "guerre à Gaza" passe pourtant comme une lettre à la poste ! Un exemple dans le deuxième cas (le plus complexe) : la plupart des médias présentent les conflits qui se déroulent en République Démocratique du Congo comme étant soit une guerre tribale ou ethnique, soit comme le résultat d'une rivalité entre chefs politiques congolais, soit comme un différend territorial entre la RDC et son voisin le Rwanda. Or, s'il est vrai qu'aucune de ces causes ne peut être totalement écartée, la principale relève très probablement du désir des grandes puissances d'accaparer des richesses minières extraordinaires de la RDC.

         On le constate donc : de nos jour, il est particulièrement difficile de distinguer le vrai du faux. 

         Un exemple bluffant vient de nous être fourni par une vraies/fausse tribune du Ministre des Outremers, Manuel Valls, qui a/aurait été publiée dans le quotidien Le Monde. Nous la publions ci-après même si elle a déjà massivement circulé sur ls réseaux sociaux insulaires. Tribune dont le titre est pour le moins fracassant : "Il est temps d'envisager l'indépendance pour la Nouvelle-Calédonie et les Antilles". Nous n'entrerons pas dans le fond du texte (chacun se forgera un avis), mais sur l'aspect informationnel de celui-ci. On peut alors noter ceci :  

 

        . la vraie/fausse tribune a/aurait été publiée dans un journal tout ce qu'il y a de plus sérieux à savoir Le Monde.

 

        . l'argumentation qui y est développée (merci ChatGPT :) est parfaitement structurée et donc crédible.

 

        . les raisons évoquées pour proposer l'indépendance aux deux régions sont elle aussi crédibles (Valls a échoué à trouver un accord entre Kanaks et Caldoches ; aux Antilles, la situation sociale est explosive).

 

        . plus crédible encore : la France est en proie à un terrible déficit de plusieurs milliards d'euros et doit trouver de toute urgence 40 milliards pour commencer à redresser la barre budgétaire. Dès lors, les territoires en question ourraient faciliter la chose s'ils accédaient à l'indépendance.

 

       Dès lors, deux hypothèses sont envisageables : soit il s'agit d'une intox émanant de la Russie ou de l'Azerbaïdjan (étant donné les relations entre ce pays et certains mouvements indépendantistes kanaks et antillais) ; soit il s'agit d'une sorte de

       test, d'un ballon d'essai envoyé par l'Elysée pour connaître la réaction des populations dites ultramarines. 

       Nous avouons piteusement ne pas être capables de trancher entre les deux hypothèses...

 

***

     

 

      Manuel Valls : “Il est temps d’envisager l’indépendance pour la Nouvelle-Calédonie et les Antilles”

     Paris, 30 mai 2025 – Dans une tribune publiée ce jeudi dans Le Monde, Manuel Valls, ancien Premier ministre, appelle à “ouvrir clairement la voie à l’indépendance” pour la Nouvelle-Calédonie ainsi que pour les Antilles françaises. Plus surprenant encore : il affirme agir à la demande du président de la République, Emmanuel Macron, dans le cadre d’une “mission de vérité” sur l’avenir institutionnel des outre-mer.

    Une mission présidentielle discrète

   “J’ai été sollicité par le président Macron pour réfléchir sans tabou à l’impasse actuelle de la relation entre la République et certains de ses territoires d’outre-mer”, révèle Valls dans la tribune. “Ma conviction est claire : la France ne peut pas éternellement maintenir des territoires dans une dépendance post-coloniale masquée.”

   Selon plusieurs sources à l’Élysée, Emmanuel Macron aurait chargé Valls, début 2025, d’une mission confidentielle d’écoute et de médiation dans les territoires concernés, à la suite des violences en Nouvelle-Calédonie et de tensions croissantes en Martinique et en Guadeloupe. Le but : explorer toutes les options, y compris celle de l’indépendance encadrée.

 

 

    Nouvelle-Calédonie : “Ne pas trahir l’esprit de l’Accord de Nouméa”

   Dans sa tribune, Valls dénonce l’échec du processus de sortie de l’Accord de Nouméa : “Les référendums successifs ont montré que la division est profonde. Le dernier, marqué par le boycott des indépendantistes, ne peut être considéré comme l’expression démocratique d’un peuple.”

   Il prône donc une négociation claire et assumée vers la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, avec “un soutien massif de la France dans la transition institutionnelle et économique”.

 

   Antilles : “Rendre leur destin aux peuples antillais”

   Valls étend sa réflexion à la Guadeloupe et à la Martinique, où il a rencontré ces derniers mois des acteurs économiques et politiques. Il déplore un “paternalisme étatique permanent” et une “relation de dépendance budgétaire qui empêche tout projet national antillais”.

   “Il ne s’agit pas de tourner le dos aux Antilles, mais de permettre à ces territoires de devenir des nations à part entière, associées à la France dans un cadre de coopération régionale”, écrit-il.

  

 

    Réactions politiques en cascade   

   Les révélations sur l’implication directe d’Emmanuel Macron dans cette initiative ont provoqué un séisme politique.
     • À droite, Gérard Larcher, président du Sénat, parle de “mise en danger de l’unité de la République par la porte de derrière”.

     . À gauche, Jean-Luc Mélenchon salue “un tournant historique” et réclame “un processus constituant pour tous les territoires concernés”.

    • Du côté indépendantiste, les leaders kanaks comme Daniel Goa saluent “un changement de ton inédit de la part de l’État français”.

    Que cherche vraiment l’Élysée ?

    Officiellement, le président Macron n’a pas encore commenté publiquement la tribune de Valls. Mais selon une source proche de l’exécutif, le chef de l’État cherche à “sortir par le haut de décennies d’hypocrisie institutionnelle”, sans pour autant “abandonner” les outre-mer.

    Un discours présidentiel serait en préparation pour le 14 juillet 2025, dans lequel Macron pourrait poser les bases d’un nouveau pacte de souveraineté différenciée entre la France et ses territoires d’outre-mer.   

 

 

    Une République en mutation ?

   La sortie de Manuel Valls, adossée à une mission présidentielle, marque peut-être un changement d’ère dans la manière dont Paris envisage son lien avec ses anciennes colonies intégrées à la République.

   “Je ne propose pas une rupture, mais une libération réciproque”, conclut Valls. “Il est temps de cesser de faire semblant. Certains peuples veulent voler de leurs propres ailes. Aidons-les à le faire dignement.”

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