Compère-lapinisme linguistique en l'île aux fleurs fanées

   A ce jour, personne, aucun savant analyste de la société martiniquaise n'a remarqué que le compère-lapinisme déborde les sphères politique, économique, sociale, éducationelle, religieuse etc...pour s'infiltrer dans la sphère linguistique.

   Cela consiste en quoi ?

   En ceci : lorsqu'un quidam est trainé à la barre du tribunal de Fort-de-France et qu'il se voit mis en difficulté soit par l'un des juges soit par l'avocat de la partie adverse, mussieur ou madame retrouve subitement son...créole. Comme la plupart des juges sont des Hexagonaux (mais, oui, bouffi ! T'es français et tu ne sais même pas que tous les juges d'un tribunal de Bourgogne ou d'Auvergne ne sont pas des Bourguignons ou des Auvergnats. Pourquoi voudrais-tu que ceux de Martinique soit tous des Martiniquais ? Pour ça, faudrait que tu prennes ton indépendance, mon gars !), donc comme la plupart des juges sont des Hexagonaux l'irruption du créole demande une traduction ou un traducteur. Ou au moins une explicitation...

   Que le tribunal fasse appel à un traducteur ou plus exactement un interprète lorsque le prévenu est un Saint-Lucien, un Dominiquais ou un Haïtien, rien que de très normal. Mais que l'avocat d'un prévenu martiniquais le réclame aussi relève du summum du Compère-Lapinisme. Pourquoi ? Pour trois raisons : de un, l'Article 2 de la Constitution française stipule que le français est la langue (la seule) langue de la République, donc comme t'es Français, tu te dois de respecter cet oukase ; de deux, les mêmes qui ordinairement méprisent le créole, crache sur lui, trouve qu c'est une perte de temps de l'écrire et de l'enseigner ont le culot, à la barre du tribunal, de sortir un truc en créole pour tenter d'embrouiller les juges ou la partie adverse. Bande d'enfoirés, va ! ; 3) désormais tout le monde parle français en Martinique. Ti-Sonson a été remplacé par des types qui ont transformé notre île en 9-3 tropical avec le langage qui va avec. Les postures aussi...

   Donc, les gars, arrêtez votre cinéma !