Israël a ouvert son premier point de distribution d’aide alimentaire à Tal al-Sultan : un dispositif qui rappelle les images de l’univers concentrationnaire où les Gazaouis attendent derrière des barbelés la distribution des rations.
Ce mardi 27 mai, Israël a ouvert un premier point de distribution dans le cadre de son soi-disant « plan humanitaire » à Tal al-Sultan, dans le sud de la bande de Gaza : loin de livrer de l’aide aux Gazaouis, il s’agit en réalité d’une vaste opération de fichage des Gazaouis, qui doivent être identifiés au moyen de technologies de reconnaissance faciale pour recevoir l’aide, qui sert probablement à établir des listes de déportation.
Depuis le 2 mars, Israël a en effet imposé un blocus total autour de la bande. Pour contenter ses alliés impérialistes, qui craignent l’effet dévastateur des images des Gazaouis en train de mourir de faim, Netanyahou a autorisé un très faible nombre de camions à entrer dans la bande, sous contrôle permanent de l’armée et des milices égyptienne et étasuniennes, déjà mobilisées par Israël pour garder le corridor Netzarim pendant le cessez-le-feu. Alors qu’il faudrait au moins qu’un millier de camions entrent chaque jour pour pouvoir éviter la famine, Israël n’en autorise tout au plus que quelques centaines à franchir les portes de Gaza, comme l’explique Mohammed Abu Mughaisseb, coordinateur de Médecins sans frontière à Gaza :
C’est une goutte d’eau dans un océan de souffrances et un énorme mensonge d’Israël au monde entier de faire croire que la nourriture est de retour alors que c’est faux. Il faudrait mille camions chaque jour pour éloigner la famine. Les denrées vitales sont aux portes de Gaza mais Israël les bloque délibérément pour nous tuer. Nous manquons de tout, de nourriture, d’eau potable, de médicaments, de carburant.
Ainsi, comme le note Jean-Pierre Filiu, seulement 200 camions ont été admis entre le 20 et 22 mai, selon les Nations Unies. Si les camions doivent normalement approvisionnés les points de distribution, il n’y a aucun moyen de savoir s’ils y sont effectivement parvenus. Comme l’observe également Filiu, qui s’est rendu plusieurs semaines dans la bande, Israël vise très souvent les convois humanitaires pour encourager les gangs à les piller. Les camions parviennent ainsi difficilement à sortir de la zone tampon du fait des actions israéliennes, pour tomber dans les mains des groupes soutenus par Israël et alimenter le marché noir et la spéculation.
Quant à ces dispositifs de distribution, ils sont sous contrôle militaire et servent aussi à tout autre chose qu’à permettre aux Gazaouis de se nourrir. L’aide n’est distribuée qu’à des Gazaouis identifiés par des technologies de reconnaissance faciale, après le recensement de leurs familles. L’identification des Gazaouis « éligibles » aux rations alimentaires laisse craindre que cette opération ne soit qu’une manière d’établir la liste des personnes à évacuer ou, dans le pire des scénarios, à exterminer.
Les premières images du point de contrôle de Tal al-Sultan ne peuvent que donner la nausée, tant elles rappellent l’univers concentrationnaire. À partir des photos publiées sur le compte Telegram (en hébreux) de l’armée israélienne, il semble que le dispositif fonctionne de la manière suivante : la plateforme de distribution de l’aide est connectée à deux corridors entourés de barbelés à sens unique. Le corridor d’entrée se divise en cinq couloirs, également séparés de barbelés, sans doute pour filtrer la population. Sur une photo, on voit clairement les Gazaouis attendre l’ouverture de la grille, comme des animaux parqués dans un enclos. L’on aperçoit également les membres des milices privés (qui portent un gilet orange), embauchées par Israël pour assurer la distribution de l’aide.
Ces images sont au moins aussi effroyables que celle des massacres quotidiens auxquels nous assistons tous les jours. Des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants sont enfermés derrière des grilles dans l’espoir de récupérer quelques rations alimentaires, dans l’espoir d’échapper à la famine méthodiquement organisée et transformée en une arme génocidaire par Israël.
La première distribution a tourné au fiasco. D’après des vidéos prises par des soldats israéliens, il semble qu’un mouvement de panique ait eu lieu. Les évènements restent flous : des vidéos montrent une large foule courir dans toutes les directions et il semble que l’armée israélienne ait ouvert le feu sur les civils. Les gardes étasuniens du complexe auraient été évacués par Israël.
Des images qui témoignent à la fois des atrocités génocidaires commises par l’armée israélienne, dans le cadre de son opération de « conquête totale » de Gaza, en même temps que du désespoir du peuple palestinien après 19 mois de génocide.
Des images qui témoignent de l’urgence à faire changer de ligue la mobilisation, alors que des manifestations massives ont lieu aux quatre coins du monde, à Londres, à Bruxelles, à la Haye et, ce dimanche, à Paris. L’armée israélienne est en train de refermer l’étau sur les Gazaouis et se prépare à raser la bande en vue de leur déportation. Dans ce contexte, les directions du mouvement ouvrier doivent impérativement prendre position, rompre avec leur passivité et jeter le mouvement ouvrier dans la bataille. Aux côtés de la jeunesse qui se mobilise depuis un an pour la Palestine et des milliers de personnes qui manifestent presque toutes les semaines, les travailleurs peuvent imposer un rapport de force décisif, par les méthodes de la lutte de classe, pour priver Israël du soutien des puissances occidentales et mettre fin au génocide.
...N’est-ce pas excessif de mettre tout le monde dans le même sac?
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...s’insérait dans une phrase conjuguée à la forme interro-négative, et non à la forme affirmativ Lire la suite
...NON, ce n’est pas heureux que Césaire ait fait quelque 50 ans à la Mairie et la députation. Lire la suite
J'ai posté 3 réponses. Elles se complètent. Il faut donc les prendre comme un ensemble.
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...N’est-ce pas excessif de mettre tout le monde dans le même sac? Lire la suite