Ben, dis donc, 36% !

     D'aucuns se réjouissent d'un récent sondage qui montre que 56% des Martiniquais souhaient le maintien des relations avec la France sans le moindre changement.

    Sans accession à l'autonomie et encore moins à l'indépendance. 

    Sauf que ces partisans du statu-quo devraient s'inquiéter de trois choses :  

       . d'abord, ce sondage qui s'étale sur 5 ans (2020-2025) montre qu'on est passé de 66% de statu-quoistes à...56%. Autrement dit, ces derniers perdent 10 points. C'est tout simplement énorme ! Il s'agit même d'une chute brutale, d'un véritable effondrement. Pendant la même période, les évolutionnistes sont passés de 28% à 36%, ce qui là aussi est conséquent.

      . ensuite, sans réaliser de sondage, à vue d'oeil ou de nez, si l'on demandait à nos politologues, sociologues, anthropologues, psychologues, voire même à de simples quidams, à quel pourcentage ils évalueraient le pourcentage des évolutionnistes, tous auraient répondu "autour de 15%, pas plus !". Pourquoi ? Parce que la consultation de janvier 2010 sur l'article 74 avait abouti à 80% de "NON". Certes, mais 2010, c'est loin. Les choses et donc les mentalités ont évolué depuis, cela dans un sens défavorable aux statu-quoistes. 

     . enfin, 8% des sondés de 2025 ne se prononcent pas alors qu'ils n'étaient que 6% en 2020. Or, chacun sait que la non-réponse à un sondage ne signifie pas automatiquement un désintérêt total pour la question posée mais manifeste une forme de mécontentement. 

   On comprend dès lors la panique qui s'est emparée des statu-quoistes qui ont inventé un nouveau baboul (bobard) comme à leur habitude. Dans la deuxième moitié du siècle dernier, ils avaient fait croire au peuple que la France pouvait unilatéralement décider de se retirer de la Martinique, ce qui est une absurdité à la fois historique (la France ne s'est jamais retirée de son propre gré  d'un territoire qu'elle contrôle), juridique (une consultation ou un référendum doit obligatoirement être organisé) et politique (aucun parti politique français, du RN de Marine Le Pen à LFI de Jean-Luc Mélenchon en passant par la droite et les socialistes, n'a jamais réclamé l'indépendance de la Martinique). Pourtant, ce chantage au largage a fonctionné depuis 1946. Ensuite, les statu-quoistes avaient inventé, en 2010, un deuxième bobard : voter "OUI" à l'Article 74 conduirait la Martinique à l'indépendance. Or, d'une part, la Polynésie vivait avec ce statut bien avant cette date et n'est pas devenue indépendante. Mieux : Saint-Barthélémy, peuplée de Blancs créoles, avait voté "OUI" à l'Article 74, mais 15 ans plus tard, elle non plus n'a pas accédé à la pleine et entière souveraineté.

   On demeure confondu devant la facilité avec laquelle un peuple, pourtant alphabétisé à quasiment 90% comme les Martiniquais, peut avaler de tels bobards ! 

   Mais ce n'est pas fini. Loin de là ! Nos statu-quoistes viennent d'inventer un énième bobard pour gêner le Congrès qui s'annonce : le Pouvoir Normatif Local (PNL) c'est l'Autonomie. C'est gros, grossier même, mais ça passe comme une lettre à la poste. En effet, si jamais ledit PNL se voyait avalisé, il ne représenterait même pas ¼ des pouvoirs dont dispose la Polynésie française ! En réalité, il s'agit tout simplement d'examiner, à chaque loi votée par le parlement français, si la Martinique peut l'adopter telle quelle ou si elle doit l'adapter à sa situation particulière. Rien de plus.

   Cela n'a rien à voir avec l'Autonomie mais nous y reviendrons...

   Il est grand temps que les statu-quoistes cessent de pendre les Martiniquais pour des "tèbè" (demeurés).