Qui est vraiment Yassine Bouzrou, l’avocat des familles de victimes de « violences policières » ?

D’Adama Traoré à Nahel, en passant par Piotr Pavlenski et Tariq Ramadan, l’avocat pénaliste Yassine Bouzrou s’est illustré par le passé dans de nombreux dossiers largement médiatisés. Voici trois choses à savoir, ce vendredi 8 septembre 2023, sur le ténor du barreau de Paris qui a mis en cause des policiers dans l’affaire de leur collision avec un adolescent à moto à Élancourt (Yvelines).

Yassine Bouzrou, 44 ans, ne mâche pas ses mots dans des affaires dites de « violences policières ». Il l’a encore montré ce vendredi 8 septembre 2023 au micro de France Info . « Non, il n’y a pas d’accident », a fermement dénoncé le conseil de la famille de l’adolescent de 16 ans « en état de mort cérébrale », après une collision à moto, mercredi, avec un véhicule de police à la suite d’un refus d’obtempérer à Élancourt (Yvelines).

S’attachant à contredire la version policière, Me Bouzrou, a affirmé, témoignages à l’appui, qu’« il y a bien eu une course-poursuite » et que « le véhicule de police a tenté d’aller au contact de la moto en lui coupant la route ». Dans ce nouveau dossier comme dans d’autres, le ténor du barreau de Paris aspire à se montrer intraitable pour faire entendre la vérité de ses clients.

Voici trois choses à savoir sur cet avocat aussi redouté que redoutable.

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1. Désigné « avocat le plus influent de France » en 2021

Cet enfant d’immigrés marocains, né le 30 mars 1979 à Bezons (Val-d’Oise) et ayant grandi à Courbevoie (Hauts-de-Seine), crée son cabinet d’avocat en 2007. L’année suivante, il s’associe à l’avocate Julie Granier et cofonde le cabinet Bouzrou et Granier, ensuite renommé Bouzrou Associés. Rapidement, il intègre le classement du magazine GQ des 30 avocats les plus puissants de France.

« Ce duo formé depuis la fac aime être impertinent avec les autorités et se pose en contre-pouvoir dans les dossiers où pointe la raison d’État », souligne le magazine en 2019 alors qu’ils figurent déjà à la 22e place du classement. Il en prendra la tête en 2021.

Rien ne le prédestinait à embrasser cette carrière. « J’avais des facilités scolaires mais je n’étais pas très discipliné. Je préférais passer mon temps en dehors de l’école », avait-il confié à France 3 en mars 2022. Son bac technologique en poche, il intègre l’université Panthéon-Assas pour y étudier le droit.

« Quand j’étais étudiant, j’étais en quelque sorte conseiller juridique bénévole. Vu le nombre d’établissements scolaires fréquentés, je connaissais beaucoup de monde, donc le jour où je suis devenu avocat, j’avais déjà une clientèle potentielle assez importante », avait-il ajouté.

2. Ses pairs le surnomment « relaxator »

Véritable coqueluche du barreau parisien et habitué des médias, Me Bouzrou s’est illustré dans de nombreux dossiers médiatiques ces dernières années. Il est l’un des avocats de la famille de Nahel, un jeune homme mort tué par un tir policier après un refus d’obtempérer à Nanterre en juin 2023.

Il a également défendu la famille d’Adama Traoré, mort au cours d’une interpellation en 2016 à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) et dont l’affaire à fait l’objet d’un non-lieu prononcé pour les gendarmes en septembre 2023.

Il a aussi été, entre autres, le conseil de la famille de Zineb Redouane, morte après avoir été touchée par une grenade lacrymogène en marge d’une manifestation des « gilets jaunes » à Marseille, en 2018. Il a enfin défendu plusieurs rappeurs français dont Seth Gueko et LIM qui le citent dans plusieurs chansons, ainsi que l’artiste Piotr Pavlenski et l’islamologue controversé Tariq Ramadan.

Décrit comme un « as de la procédure » par certains policiers, il obtient sept relaxes sur ses dix premières audiences de comparution immédiates, rapporte Jeune Afrique . Un résultat qui lui permet de se créer rapidement une réputation de pénaliste redoutable. Selon ce média, il est ainsi surnommé « relaxator » par ses pairs et serait, pour bon nombre d’entre eux, le deuxième meilleur avocat de France juste après l’« acquitator », ancien surnom donné à l’actuel ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.

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3. Il refuse d’être l’avocat des « violences policières »

Fort d’un grand sens de persuasion, celui que le Parisien décrit comme un « féru de procédure pénale » prend cependant garde à « ne jamais verser dans l’affectif pour ses clients ». Une ligne de conduite confirmée par l’une de ses anciennes clientes sollicitée par le quotidien francilien : « Il ne faisait pas la nounou avec nous. Parfois, il pouvait paraître froid avec certains interlocuteurs, mais il était professionnel et il nous a accompagnés jusqu’au bout du bout. »

Refusant de verser dans le militantisme ou de participer à des marches blanches, celle-ci ajoute à son propos : « Il a toujours gardé de la retenue vis-à-vis de la chose politique. Je pense qu’il ne voulait pas qu’on le réduise à un parti quelconque. »

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Des dires confirmés par l’intéressé au Parisien en juillet 2023 : « Je n’ai jamais été militant. J’ai toujours écarté les associations de mes dossiers », avait-il déclaré, en assurant que la représentation des victimes de « violences policières » ne représentait que 5 % de ses activités.

Dans un entretien au Monde paru en juillet 2023, il affirme être intervenu depuis le début de sa carrière dans 150 dossiers à ce sujet. « J’ai évité l’étiquette avocat des criminels, avocat des terroristes, avocat des trafiquants de drogue, je ne veux pas être l’avocat des violences policières ». Il conclut : « Mon cheval de bataille, c’est de lutter contre l’injustice […] Si la justice fonctionnait correctement, certaines affaires ne m’intéresseraient pas… »

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