Marine Le Pen soutient sans réserve ce que fait Israël à Gaza

Pendant que certains observateurs internationaux, dont l’ONU, alertent sur un « risque de génocide » à Gaza, où la population souffre d’un manque de nourriture, d’eau, d’électricité, de médicaments, Marine Le Pen s’enferre dans un soutien indéfectible à Israël.

La députée du Pas-de-Calais considère que le pays « fait ce qu’il peut dans une situation extrêmement difficile ». Invitée de la chaîne I24NEWS, régulièrement pointée pour sa ligne éditoriale favorable à Benjamin Netanyahu, le 15 mai, elle a expliqué « partager l’objectif » d’Israël « d’éradiquer le Hamas ».

« Il ne faut pas mettre Israël face à des injonctions contradictoires, insiste Marine Le Pen. Quand Israël veut déplacer des populations, on lui dit que c’est horrible et honteux. Mais j’imagine que ces déplacements servent à éradiquer le Hamas sans avoir une population civile qui sert de bouclier ». Soit les éléments de langage des défenseurs du Premier ministre israélien, qui omettent de rappeler qu’Israël bombarde des hôpitaux, des écoles, des rues

Ces propos de la patronne des députés RN s’inscrivent à contre-courant de ceux exprimés par Emmanuel Macron le 13 mai. Lors de l’émission qui lui était consacrée sur TF1, le chef de l’État a fustigé la stratégie militaire israélienne à Gaza, la qualifiant de « honte » et de riposte « inacceptable ». Il a expliqué que ce à quoi il a assisté à la frontière égyptienne était « l’une des pires choses qui (lui) aient été données à voir ». Le tout, en dénonçant lourdement le blocage de l’aide alimentaire par Israël.

Une déclaration « indigne » selon Le Pen

Pour Marine Le Pen, « cette déclaration est indigne ». Comme le pouvoir israélien, elle accuse Emmanuel Macron de « multiplier les critiques à l’égard d’Israël » et d’être « incapable d’apporter une solution pour lutter contre le fondamentalisme islamiste ». La position officielle de la France étant à ses yeux une « catastrophe diplomatique », la leader d’extrême droite juge que le gouvernement devrait apporter « une aide » encore plus importante à l’État hébreu.

En toutes circonstances, Marine Le Pen se montre inflexible. La famine qui sévit dans l’enclave palestinienne, la faim utilisée comme « arme de guerre » selon Médecins du Monde ? « Qu’il y ait des difficultés humanitaires dans une guerre, ça n’étonne personne », minimise-t-elle. Insistant, au mépris des preuves dont disposent les ONG sur place : « Israël ne refuse pas de livrer de l’alimentation et des biens de première nécessité à Gaza, il ne veut simplement pas que ce soit le Hamas qui les distribue ».

Cette position a été applaudie par Meyer Habib, ancien député de la 8e circonscription des Français de l’étranger, qui comprend Israël. « Son discours est irréprochable, à la différence de celui d’Emmanuel Macron et de ses amis », a déclaré peu de temps après sur la même antenne celui qui, en 2024, qualifiait les Palestiniens de « cancer ».

À gauche, les réactions sont naturellement indignées. La présidente des députés de La France insoumise Mathilde Panot estime que « l’héritière des Waffen-SS » est « aux avant-postes dans la défense des pires atrocités ». Cette proche de Jean-Luc Mélenchon range Marine le Pen du côté « des soutiens des génocidaires et des affameurs du peuple palestinien ». Manuel Bompard, le coordinateur du mouvement, rappelle de son côté que Benjamin Netanyahu « est sous mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale ». « Le RN, toujours du plus mauvais côté de l’histoire. C’est une tradition », tranche-t-il. En outre, la ligne de Marine Le Pen rompt avec ce qu’elle prétendait défendre.

Encore jusqu’en 2023, la cheffe de file du RN, qui revendiquait une posture gaulliste sur l’international, penchait pour la solution à deux États. Une position « non-alignée » fidèle à la tradition diplomatique française que la députée du Pas-de-Calais a finalement balayée, pour un alignement total sur la position de Tel Aviv, sur fond d’adoption du récit d’une « guerre de civilisations », servi à l’envi par l’extrême droite israélienne.

Et ce, dans le but, utilitariste et à peine dissimulé, de faire sauter le plafond de verre lié à l’antisémitisme historique de son parti. Un parti qui, il y a moins d’un an, investissait des candidats aux profils antisémites (comme on peut le voir ici, ou encore ici).

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