« Ils ont banni l’usage du mot femme »… L’université d’Aix-Marseille accueille ses premiers scientifiques fuyant Trump

SAFE PLACE FOR SCIENCE - Des universitaires américains sont en cours d’accueil par la fac d’Aix-Marseille qui a lancé un programme « d’asile scientifique » pour faire venir des chercheurs aux champs d’études mis au ban par l’administration Trump

« Lorsque j’ai été présélectionnée, je suis restée sans voix, sous le choc », raconte à la presse Lisa*, anthropobiologiste américaine qui vient de signer un contrat de trois ans à l’université d’Aix-Marseille (AMU). « Donald Trump a coupé les programmes d’études de mon laboratoire et banni l’usage de mots comme "femme". Et je ne voyais pas vraiment comment poursuivre mes recherches dans ce cadre », explique la jeune scientifique, mère de deux enfants, dont les travaux trouvaient une application aux Etats-Unis notamment dans l’aide à l’identification policière de victimes.

Comme Lisa, ils sont pour l’heure 39 chercheurs américains à avoir été sélectionnés par l’AMU dans le cadre du programme Safe place for science, doté de 15 millions d’euros sur trois ans. Près de 300 candidatures ont été enregistrées : « Climatologue, immunologiste, astrophysicien, sociologue, politologue ou encore historien, […] j’ai été frappé par la richesse et la diversité des candidatures dont certaines sont venues de collègues de prestigieuses universités comme Berkeley ou Harvard », a détaillé Eric Berton, le président de l’AMU qui a parlé d’un « moment historique ».

Lisa, elle, vient d’arriver à Marseille du Minnesota, un Etat américain frontalier du Canada. « Evidemment, il fait beaucoup plus chaud ici. C’est un autre style de vie, mais j’adore ce que la ville dégage. » Une ville qu’elle avait déjà pu visiter à deux reprises, indique celle qui porte une croix camarguaise autour du cou. « Bien sûr, le salaire n’est pas le même ici mais la vie est aussi moins chère », poursuit la scientifique qui cherche à présent une école où inscrire ses deux enfants et un travail pour son mari, professeur de lycée aux Etats-Unis. Des démarches pour lesquelles l’université, en partenariat avec les collectivités locales, a indiqué les aider.

« Je n’aurais jamais pensé à venir en France »

Un peu plus âgé, James n’a pour sa part plus d’enfants à charge. Le climatologue a répondu à l’appel à candidatures de l’AMU avec sa compagne, chercheuse également, mais en sciences politiques. Et si son contrat n’est pas encore formellement signé, le chercheur venu du Massachusetts n’a pas caché son émotion. « Je suis très heureux de l’accueil qui m’est fait, mais c’est aussi très triste », exprime celui qui n’aurait « jamais pensé à venir en France avant l’élection de Trump ». « Mon champ de recherche est clairement visé. Le climat et les sciences de l’environnement sont aujourd’hui devenus des thèmes difficiles à aborder, […] c’est décourageant ».

Et s’il se trouve aujourd’hui à Marseille, il indique à 20 Minutes ne pas en avoir informé son université. « Je préfère qu’elle ne le sache pas, pour pas éviter certaines conséquences si des fois ça ne devait pas marcher », poursuit James qui considère que son Etat fédéral pourrait également sanctionner son université d’attache aux Etats-Unis s’il l’apprenait. Un déplacement semi-clandestin qui ne le fait toutefois pas se sentir comme un « réfugié ». « C’est un peu trop fort comme mot », commente le climatologue qui sait ce que sont les déplacements contraints de population.

La Chine également à l’affût

Autre Etat, autre champ de recherche mais même constat, pour Mary*, qui étudie la biologie évolutive. « Ce programme est une très bonne chose, même si j’aurais préféré un contrat permanent », explique la chercheuse du Wisconsin, séduite également par la perspective de vivre dans le sud de la France. « Dans mon institut de recherche, la plupart sont déjà partis. La plupart au Canada mais aussi en Chine qui met le paquet pour attirer les "top chercheurs" ».

Un exode de circonstance qui devrait avoir « de longues conséquences, même en cas de changement politique », anticipe Bryan, professeur d’histoire moderne, spécialiste des XVe et XVIe siècles. « C’est la fin de la domination mondiale de la recherche américaine », prédit l’historien qui travaillait déjà depuis quelques années avec des homologues français et dont il était déjà prévu qu’il fasse un an de recherche en France en 2025-2026. Désormais, il espère pouvoir en faire trois de plus.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des chercheurs et chercheuses interviewées.

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    Heu...Je rigole évidemment. Lire la suite

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    Vous êtes fou !! Tactique bidon pour faire le buzz

    bro

    04/07/2025 - 13:50

    Vous faites tout un développement sur le Grand Remplacement (merci pour les majuscules ,j'appréci Lire la suite