Dévidaj galta

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   Alors que le formidable travail entrepris depuis les années 70 (un demi-siècle donc) en faveur du créole est en train de payer, cela grâce au travail d'écrivains, d'artistes, d'universitaires et de journalistes et blogueurs, alors qu'il existe désormais un CAPES et une agrégation de créole, que les Dikté kréyol se multiplient, que les panneaux publicitaires l'affichent partout, notre langue est en train de se déliter.

  Lentement mais sûrement...

   Les causes en sont connues : l'absence d'une politique linguistique un tant soit peu cohérente chez nos décideurs lesquels utilisent le créole uniquement dans leurs discours électoraux pour le ranger aux oubliettes une fois élus ; le caractère facultatif du créole à l'école lequel est laissé au bon vouloir des chefs d'établissement ; l'indifférence, voire le dédain, de nos intellectuels les plus connus à son endroit ; le charabia pseudo-créole qui sévit sur les radios et à la télévision etc...

  En quoi consiste ce délitement ? D'abord, à l'intrusion de formes grammaticales françaises ou complètement aberrantes qui minent la langue dans ce qu'elle a de plus solide : sa syntaxe. Exemples :  

 

   . lé kadav des chiens ka pit sur l'autoroute.

 

   . Bomaten-an, lé sendika kay diskité de la grille des salaires épi le patronat.

 

   Ensuite, le remplacement du lexique créole par des mots francisés. Exemples :  

 

   . "Libélil" au lieu de "marisosé" ou "dimwazel".

 

   . "Oursin" au lieu de "chadwon".

 

   Enfin, plus grave : le remplacement des expressions idiomatiques :

 

   . "Man fè'y dégerpi" au lieu de "Man fè'y pwan lanmè sèvi gran savann".

 

   . "I ka rété a perpet-lé-zwa" au lieu de "I ka rété jik dèyè do Bondié".

 

   . "Misié kouyon kon an balé" au lieu de "Misié kouyon pasé dé pié'y".

 

   Est-il possible d'inverser cette tendance mortifère ? N'est-il pas trop tard ? Devrions-nous faire le deuil de notre "langue matricielle" (Jean Bernabé) et, en plus du français, nous mettre à l'anglais, voire au chinois ? C'est le choix que font un nombre grandissant de Martiniquais qui cependant conservent un sabir créolo-français pour plaisanter entre amis ou engueuler quelqu'un.

   Ce choix n'est pas le nôtre. Outre, les articles intégralement en créole publiés sur ce site, nous nous proposerons désormais des néologismes (mots nouveaux) pour des réalités étrangères à notre culture mais qui nous sont devenues familières au fil du temps.

   POUR "VIDE GRENIER" nous proposons : Dévidaj galta...

Commentaires

Woulo !!!!

Rose

13/05/2023 - 08:17

Je pense qu'il ne serait pas impossible de créer une espècee d'Académie ou d'Institut du créole pour stopper ce délitement gravissime qui serait chargé de faire des remontrances aux medias utilisant un mauvais créole .

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