DÉCHARGE DE CÉRON : NON-ASSISTANCE À POPULATION EN DANGER ?

DIAMANT - 11 déc. 2021. FORUM CITOYEN - CÉRON.  Organisé au quartier Taupinière par les militants Diamantinois de Martinique-Écologie (M.E.), ce Forum-Citoyen a été un moment fort d’échanges et de propositions fructueuses autour de la brûlante question des nuisances liées à la décharge de Céron. Après une présentation liminaire où sont intervenus tour à tour, Louis Boutrin (Pt de M.E. - Avocat), Jacques De Thoré (M.E. Pneumologue), Marie-Frédérique Adréa-Lordinot (M.E. Expert-Comptable) et Raphaël Confiant (Vice-Président de M.E. - Écrivain) les riverains présents ont exprimé leur incompréhension et leur colère face à l’inertie administrative et politique. Fort de son expérience à la CTM, Louis Boutrin a brossé l’état des lieux de la gestion des déchets en Martinique et a mis au débat la question de la responsabilité du SMTVD et du Préfet dans la situation de détresse et de souffrance des riverains. Un nouveau scandale environnemental et sanitaire sous nos latitudes qui pose, entre autres, la question de la Non-Assistance à population en danger d’où l’interpellation du Préfet par le Conseiller Territorial (voir PJ). 

Miroir de la gravité de la situation chaotique actuelle, la décharge d’ordures de Céron reflète à la fois l’irresponsabilité des exploitants, le Syndicat Martiniquais de Traitement et de Valorisation des Déchets (SMTVD), et l’inertie des services de l’Etat. Car, comment expliquer que l’on puisse abandonner une population livrée à elle-même face aux effets dévastateurs de fumées nauséabondes chargées de polluants organiques persistants dont la toxicité et la cancérogénicité sont scientifiquement établies. 

A travers ce scandale à ciel ouvert, c’est avant tout la question de la responsabilité directe du représentant de l’Etat qui se pose. 

OUI, les populations concernées sont en danger face à un péril grave et imminent qui menace leur santé et, pour les plus vulnérables, leur vie. 

OUI, l’Etat est pénalement responsable car il s’agit d’installation classée au titre de la protection de l’environnement soumise à son autorisation et à son contrôle. L’Etat a conscience de ce danger et pourtant, elle autorise la réouverture du site de Céron et ne met pas tous les moyens nécessaires pour éteindre en urgence le feu source des nuisances subies. Sans compter l’impact sur les écosystèmes naturels à travers notamment les lixiviats chargés de métaux lourds qui infiltrent les nappes phréatiques et qui se déversent à proximité dans la mer et ce, au mépris des dispositions prévues par le Code de l’environnement. 

OUI, quand l’Etat n’anticipe pas et n’assume plus sa mission de protection et de secours auprès des citoyens, notamment ceux du Diamant et des Anses d’Arlet, il y a bien Non-Assistance à population en danger. Les nombreux témoignages des riverains sur l’enfer qu’ils vivent au quotidien le prouvent. Obligés de se cloitrer chez eux à Fonds-Manuel et à Taupinière, les plus touchés sont ceux qui souffrent d’asthme et de maladies broncho-respiratoires. Abandonnés depuis plusieurs années, sans aucune protection et sécurité, face à une décharge régulièrement en proie aux flammes et à des fumées,  ils constatent tous la dégradation de leur état de santé sans que les autorités responsables n’organisent une quelconque prise en charge et l’accompagnement qui s’impose. 

OUI, quand une population est ainsi exposée, il convient de mettre sur la table la responsabilité pénale de l’exploitant et de celui qui lui a délivré l’autorisation d’exploiter. 

Fort heureusement, la pression médiatique mais surtout le réveil des consciences et la colère grandissante des riverains ont contraint à la démission précipitée du Président du SMTVD et du Maire de Sainte-Luce en sa qualité de 2ème Vice-Président du SMTVD. 

Reste à attendre la démission de l’ensemble des élus du Bureau du SMTVD car les véritables causes du dysfonctionnement de ces décharges à ciel ouvert, illégales car interdites en France, sont ailleurs. C’est bel et bien la conséquence directe des abus et négligences dans une mission de service public. C’est aussi le reflet du clientélisme, d’embauches familiales, de pratiques mafieuses et d’une corruption qui gangrènent le secteur des déchets en Martinique et pour lequel, les citoyens demandent aujourd’hui un véritable nettoyage. 

LB

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