Si jamais il y a un mort, un seul !

   Oui, si jamais les policiers, gendarmes et CRS chargés de la répression des manifestants contre la vie chère en Martinique en viennent à sortir leurs armes létales contre ces derniers et à tuer l'un d'entre eux, qui en portera la première responsabilité ?

   Car au train où vont les choses, c'est couru d'avance ! 

   Les forces de "'l'ordre" et les "nervis de la répression coloniale" s'empressera-t-on de déclarer, en particulier sur sur les réseaux sociaux, cette nouvelle arme (en Martinique en tout cas) de contestation du système en place. Certes, mais dans ce classement macabre, il y a aussi deux autres responsables ex-aequo. OUI, EX-AEQUO ! D'abord, les patrons békés blancs et békés de couleur mais aussi notre classe politique dans son ensemble. Quelle que soit son obédience politique ! Les Békés, en effet, sont coutumiers de la répression depuis l'abolition de l'esclavage, eux qui n'hésitent jamais à faire appel aux "forces de l'ordre" dès qu'il y a la moindre grève ou mouvement social. Inutile de rappeler la grève du François en 1901 ou la tuerie de Chalvet en 1974 contre les travailleurs du secteur de la banane qui réclamaient un salaire correct et des protections contre les dangereux pesticides, notamment le chlordécone, qu'ils étaient chargés de déverser dans les champs. Ils savent, ces Békés, qu'il n'y aura jamais de sanction judiciaire contre eux. Ils ont ainsi pillé le Crédit Martiniquais jusqu'à acculer cette banque à la faillite sans qu'aucun d'entre eux n'ait fait un seul jour de prison. Ils ont pollué nos terres, nos cours d'eau, nos nappes phréatiques et notre littoral pour les deux-cent ans à venir, ce qui a provoqué également un cortège de maladies de toutes sortes, en particulier le cancer de la prostate dont la Martinique est le N° 1 mondial, mais la justice française a décrété un non-lieu. 

   Les Békés blancs, rejoints à partir des années 80 par des Békés de couleur, ceux-là moins visibles alors que le centre commerciaux de La Galleria, de Place d'Armes et du Rond-Point appartiennent à ces derniers et qu'ils y exercent la même "profitation" que leurs alter ego leucodermes, sont intouchables. Manifester en criant "Bétjé déwò !" ne leur fait ni chaud ni froid. Ils attendent simplement que les choses se calment tout en développant des stratégies habiles visant à aveugler les Nègres : expositions d'oeuvres d'art, financement de yoles, publication d'un texte signé par 200 Békés qui reconnaissent que l'esclavage fut un crime contre l'humanité, association visant à rassembler tous les Créoles, plantation du "Courbaril de la Réconciliation" avec Césaire et Darsières, invitation du président du Bénin etc... Mais il doivent savoir qu'en dépit de leur bal masqué" si jamais il y a un seul manifestant tué, ils seront tout aussi responsables que l'Etat français. 

   Le troisième responsable ex-aequo sera notre classe politique, syndicale et intellectuelle qui a été incapable de crédibiliser aux yeux des Martiniquais l'idée d'autonomie et encore moins celle de l'indépendance en dépit du fait qu'ils dominent presque sans partage la scène politique depuis plus de deux décennies. A quoi cela a-t-il servi que l'ex-Conseil Régional ait été dirigée par des autonomistes ou la nouvelle CTM par des indépendantistes. A RIEN ! A rien alors que la droite assimilationniste a été quasiment mise hors-jeu puisque, par exemple, il n'y a guère que 6 ou 7 maires de droite sur les 34 communes que compte la Martinique et plus aucun député ou sénateur depuis des lustres. Cette droite assimilationniste doit d'ailleurs bien rigoler sous cape car l'actuelle revendication d'alignement des prix sur la "Métropole" ressemble furieusement à celle de la "continuité territoriale". 

   Tout ce beau monde__Etat français, Békés, classe politique, syndicale et intellectuelle dite "de gauche"__ne saurait ignorer qu'il joue avec le feu. Que la situation risque de devenir incontrôlable si jamais il y a des blessés graves ou des morts parmi les manifestants. Ce ne fut pas le cas lors de la grève de février 2009 car la répression était quasi-impossible puisqu'il y avait autour de 20.000 manifestants dans les rues contre environ 2.000 pour les aligneurs de prix. Mais les choses peuvent virer de bord à tout moment car aucun Martiniquais, même ceux qui ne sont pas d'accord avec l'actuelle revendication, la jugeant irréaliste, n'aceptera qu'un manifestant paie cette lutte de sa vie. 

   AUCUN ! 

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